Cette Route du café devait être la sienne. Mis à l’eau juste avant la Route du Rhum en 2018, Charal est le pionnier d’une nouvelle génération, premier foiler à parier sur le vol intégral en monocoque IMOCA. Jérémie Beyou et Christopher Pratt ont passé un an de travail méthodique et acharné à le mettre au point pour acquérir les nouveaux automatismes que suppose la voltige. Au Havre, l’état de confiance et de préparation du bateau est à son maximum. Jérémie Beyou est dans une spirale positive avec deux victoires en avant-saison et il a trouvé en Christopher Pratt son alter égo.
Pourtant, le début de course n’est pas aussi percutant que l’aurait souhaité le tandem. La faute à un départ timide et surtout à une certaine indécision lorsqu’il faut choisir entre les options Ouest et Sud. Avec son statut de favori, Charal est celui qui joue le plus gros lorsque tout le monde lance sa pièce en l’air après Ouessant. Finalement, il laisse s’échapper dans l’ouest cinq concurrents et rejoint avec raison le gros des troupes au Sud. Le 1er novembre à la sortie de la dorsale, il reprend la tête, abandonnée le 29 pour ne plus la lâcher jusqu’au fameux Pot-au-noir. « C’était le maître du jeu » reconnaissait dans la nuit bahianaise Yann Eliès à l’arrivée victorieuse d’Apivia. En quatre jours de navigation dans l’alizé de nord-est, Charal accumule 120 milles d’avance sur son plus sérieux poursuivant et semble intouchable.
On connait pourtant la suite. Pris au lasso dans les tourbillons du Pot-au-noir, le foiler est impuissant et voit revenir toute la flotte sur lui. La victoire échappe à Charal ici, au terme de trois jours d’enfer pour Jérémie et Christopher : « On a balisé le terrain pour tous ceux qui sont arrivés derrière, c’était du pain béni pour eux, ils n’avaient qu’à se décaler vers l’est pour ne pas rester bloqués. Il y avait un décalage en latéral d’une quinzaine de milles, eux sur l’autoroute et toi, sur la départementale, avec le prochain embranchement très loin. On a coupé les classements, parce que ce n’est pas humain, ça devenait insupportable. » Le 8 novembre finalement, Charal ressort du Pot-au-noir en sixième position. Il a perdu 400 milles dans l’affaire… punition rare dans les annales de la course au large.
Epilogue : Jérémie qui regrettait que la première partie de la course n’ait pas offert les conditions rêvées au foilers, trouve dans l’alizé de sud-est de quoi se remotiver et s’exprimer. En mauvaise position dans l’ouest de la flotte, Charal remonte pourtant un par un tous les concurrents encore à sa portée. Il démontre une fois de plus qu’il est au-dessus du lot… jusqu’à buter sur PRB qui ne lui laisse pas la porte ouverte et contient ses assauts jusqu’à la ligne d’arrivée. Charal n’est certes pas à la place qu’il espérait. Mais il complète brillamment et dans un ordre différent le podium le plus souvent cité au départ de cette 14ème Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.
Source communiqué Transat Jacques Vabre Normandie le Havre